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7 jours Filpac

Posté par cgtchapelledarblayupm le 16 mai 2013

 7 jours Filpac

 Le 16 mai, Hollande nous a livré une très longue conférence de presse. Pour vanter son attachement indéfectible au Traité européen, pourtant rejeté par le peuple lors du dernier référendum. Pour se ranger au mécanisme européen d’austérité (MES). Une part de rêve ? Une trace d’espérance ? Une place pour les jeunes ? Des emplois ? Le pouvoir d’achat ? Juste un long serment de fidélité à l’austérité européenne et à ses institutions. Qui débouche sur une attaque frontale contre les retraites. L’an 2 appelle de belles mobilisations. Voici pourquoi…

Hollande aux jeunes, chômeurs et retraités : « ne rêvez pas ! »

Sa seule vérité, c’est l’austérité européenne !

Face à la récession, le président s’efface.  Derrière l’Union européenne. Volontairement. Par orientation libérale. Pourtant,  l’orientation économique européenne mène à la catastrophe actuelle. La compression extrême des dépenses publiques, le recul des salaires, la destruction des emplois – mis pour « compétitivité » –, les attaques frontales contre la protection sociale entraînent la récession. Un naufrage, en plus du chômage et de la précarité généralisée.

Hollande ne lâche pas pour autant le dogme failli de l’austérité. Sans horizon, sans fin, comme la Troïka dominante en Europe, c’est-à-dire les commissaires européens, les chefs du Fonds monétaire international, les leaders de la Banque centrale européen. Leur priorité absolue, c’est le service de la dette. Et servir la dette signifie que tout – même et surtout l’indépendance du budget national  – doit être subordonné aux échanges monétaires entre l’Etat et les marchés financiers privés. Selon eux, plus la dette est à la merci des marchés financiers, plus la facture doit en être présentée aux contribuables, aux actifs comme aux chômeurs et retraités.

Si ce président paraît rigide et sourd aux questions sociales, c’est qu’il a demandé asile à Bruxelles. S’il vante l’ANI flexi-licenciements, c’est qu’il s’inspire de la flexibilité qui sévit ailleurs. S’il s’assoit sur le pouvoir d’achat, c’est qu’il applique le commandement de base de l’Union européenne : comprimer les salaires au nom de la fameuse « baisse du coût du travail ». S’il parle de « plan d’investissement », c’est uniquement dans les créneaux désignés comme libres par l’Union européenne : numérique, santé, transports, énergie. Et encore, dans la mesure qu’ils sortent du domaine public.

L’Union européenne commande au président ce qu’il est convenu d’appeler « réformes structurelles ». Traduction ? Faire la peau aux retraites. Avec l’argument usé jusqu’à la corde par Sarkozy : « Mme Michu, on vit plus longtemps, on doit travailler plus longtemps. » Même cette pauvre mère Michu sait que beaucoup n’arrivent pas à accéder à l’emploi, que la plupart des plus de 58 ans arrivent à la retraite en étant au chômage. Et surtout que l’espérance de vie en bonne santé (62 ans) n’a rien à voir avec l’espérance de vie statistique. Donc allonger le temps de cotisation et l’âge de la retraite mènent à la même catastrophe sociale qu’en Allemagne : le boom des travailleurs pauvres.

Voilà habillée pour l’été la conférence sociale des 20 et 21 juin, dont l’ordre du jour sera déterminé par « concertation » le 22 mai. La compétence de cette conférence, pour Hollande ? Se cantonner à appliquer les exigences de l’Union européenne, à savoir faire reculer la protection sociale par son bout le plus solide du point de vue de la solidarité entre générations : la retraite collective, indépendante de l’assurance privée.

  • L’an 2 de cette présidence ne peut pas être abordé dans la salle d’attente, avec le vague espoir qu’un jour, peut-être, Hollande changera. Le danger imminent qui pèse sur les retraites, les besoins en emplois – des jeunes en particulier – et en pouvoir d’achat exigent que notre syndicalisme prenne la mesure de la paralysie libérale actuelle.
  • Nos revendications, nos propositions doivent être portées par l’action et la manifestation de rue de telle manière que personne, et surtout pas le président, ne puisse les ignorer. Placer la question sociale comme incontournable, au centre de la situation, ne souffre aucun délai. Tout commence maintenant.

 

Publié dans CGT UPM Chapelle Darblay | Pas de Commentaire »

La crise, ce prétexte pour baisser le coût du travail.

Posté par cgtchapelledarblayupm le 16 mai 2013

La crise, ce prétexte pour baisser le coût du travail, mais pas celui du capital (par Michel Santi, économiste, la tribune.fr)

mercredi 15 mai 2013

La crise, ce prétexte pour baisser le coût du travail, mais pas celui du capital

Comment augmenter la productivité, la compétitivité de la France ? D’aucun répondront qu’il faut « baisser les coûts du travail ». Pourtant, l’économiste Michel Santi note que si la réduction du coût du travail a permis à l’Allemagne de baisser ses prix à l’exportation, elle a créé une société de travailleurs précaires. Et observe qu’étonnamment, les revenus nets distribués aux propriétaires de capital, eux, continuent de grimper…

Une confiscation en bonne et due forme de l’appareil économique a été entreprise depuis la fin des années 70 par une infime minorité qui a redistribué le produit du travail des autres largement en sa faveur.

Ce ne sont effectivement pas tant nos usines, nos industries et nos entreprises qui ne sont pas productives. Cette productivité a en fait été monopolisée au bénéfice d’une élite qui a assisté, totalement indifférente, au creusement d’un fossé entre les salaires réels et la productivité.

L’Allemagne elle-même, qui s’érige en donneuse de leçon de productivité, n’a pu bénéficier d’une croissance au-dessus de la moyenne européenne qu’à la faveur de sacrifices constants exigés à sa population. Le moteur à l’exportation allemand ne rugit pas seulement par la grâce de la force productive de ses entreprises.

En réalité, c’est aux réformes dites « Hartz » entreprises entre 2003 et 2005 – et qui ont consisté à transférer des ressources et des richesses du citoyen vers les entreprises et vers le secteur financier – que l’Allemagne doit d’avoir dopé ses exportations. Ce sont effectivement les réductions salariales et les réformes drastiques de son marché du travail qui ont amélioré notablement sa productivité, en y comprimant à l’extrême le coût du travail.

Les réformes Hartz ont fabriqué des mendiants sociaux

Réformes sinistres initiées en ce 16 août 2002 où un groupe d’experts dirigés par le directeur des ressources humaines de Volkswagen, Peter Hartz, présentait au chancelier allemand Gerhard Schröder, ses propositions relatives aux réformes du marché du travail.

Dix ans plus tard, la société allemande se retrouve profondément transformée par ces réformes. En effet, une étude de l’OCDE, publiée à fin 2012, conclut à un accroissement spectaculaire de l’inégalité des revenus en Allemagne et, ce, davantage que dans n’importe quel autre pays membre de cette organisation.

Ayant très finement manoeuvré, la commission Hartz a réussi à créer dans son pays un marché du travail subsidiaire 
- ou parallèle – dominé par des salaires bas et non soumis aux droits sociaux. De fait, ces réformes privent les chômeurs allemands de tous leurs droits aux allocations chômage. Ils sont dès lors réduits à l’état de mendiants sociaux !

Ainsi, ce n’est qu’après une année entière de chômage que le travailleur est en droit de demander une misérable allocation mensuelle de 347 euros par mois, à la seule condition toutefois d’avoir préalablement épuisé son épargne et à la condition expresse que son conjoint soit incapable de subvenir à ses besoins. Pourquoi ne pas évoquer également l’obligation lui étant imposée d’accepter n’importe quel emploi, indépendamment de ses qualifications et de ses revenus antérieurs ?

Hartz est donc tout à la fois un piège et la meilleure voie pour la pauvreté, ou comment accéder à un état de précarité absolue inconcevable et intolérable dans un pays riche comme l’Allemagne.

Une étude réalisée par l’Association à l’aide sociale paritaire allemande dévoile effectivement que les trois-quarts des personnes touchées par ces lois restent à jamais tributaires de Hartz.

Sachant que, par ailleurs, la simple menace de tomber dans Hartz contraint les chômeurs à accepter des emplois à salaire bas, à temps partiel, dénués de toute sécurité, de droits à la retraite et autres allocations.

Le dogme allemand du travailleur « low cost » est donc né de ces réformes…Et, de fait, seuls 29 millions d’Allemands (sur près de 42 millions de travailleurs) disposent aujourd’hui d’emplois soumis au régime de la sécurité sociale, pendant que quelque 5,5 millions d’entre eux travaillent à temps partiel, et que plus de 4 millions gagnent moins de 7 euros de l’heure !

Le secteur allemand des bas salaires tire par le fond tous les salaires du secteur industriel en agissant comme une sorte de levier infernal. Le travailleur y subit des conditions similaires à celles encore en vigueur dans le Tiers-monde et dans les pays émergents. Obsession pour le coût du travail, mais pas du capital La compétitivité elle-même – maintes fois invoquée – n’est-elle pas une notion floue désignant la capacité d’un pays et de ses entreprises à affronter la concurrence  ?

En privilégiant une compétitivité par le bas – en réalité dévaluation interne – qui consiste à baisser les prix à l’exportation tout bonnement en diminuant les coûts à la production. Le débat public se concentre donc sur le coût du travail tandis que le coût du capital n’est jamais évoqué, alors que les revenus nets distribués représentent aujourd’hui 10 % de la valeur ajoutée des sociétés non financières.

Ce niveau historiquement record depuis la Seconde Guerre mondiale, par rapport à 5,5% en 1999, permet de conclure que la part dévolue aux actionnaires a donc crû dans des proportions considérables ces douze dernières années.

Autrement dit, la complainte patronale faisant de la baisse du taux de marge la raison profonde des faibles investissements et du moindre effort en matière de recherche et développement ne tient pas la route.

Elle passe en effet sous silence la part de plus en plus lourde que les entreprises choisissent de distribuer aux propriétaires de capital, quelle que soit l’intensité de la crise économique et financière.

Avec une remise en cause profonde de la capacité des entreprises à faire face à toutes les aspérités de la compétitivité du fait de ces distributions. Voilà pourquoi les droits des salariés subissent une attaque sans précédent, voilà pourquoi les coûts doivent être comprimés si le but est bien de gagner des parts de marché à l’export.

Tels sont à l’évidence les impératifs si le but est bien de toujours plus rémunérer l’actionnariat, les capitaux et en finalité les parieurs en bourses… Logique toutefois prise dans des contradictions inextricables, sachant que le discours orwélien des industriels et des patrons d’entreprise atteint des sommets d’invraisemblance et d’arrogance dès lors qu’ils expliquent que lutter contre les plans de licenciements revient à… lutter contre l’emploi !

Comprenons une fois pour toutes que compétitivité ne rime pas nécessairement avec chômage, avec précarité, ni avec explosion des inégalités, contrairement à ce que marchés et patrons imposent aux salariés et aux travailleurs depuis plus de vingt ans.

Rebellons-nous donc et rejetons avec dégoût les allégations de la Présidente du syndicat des patrons (le MEDEF), Laurence Parisot, qui se demandait en 2005 dans le Figaro : « La vie est précaire, l’amour est précaire, pourquoi le travail ne serait pas précaire  ? »

De telles déclarations consacrent en effet la défaite du politique dont l’une des missions devrait être la détermination des règles du jeu économique et la mise sous tutelle du néo-libéralisme qui n’est qu’une manoeuvre visant à mettre l’Europe en pilotage automatique d’une concurrence supposée régler toutes les problématiques. Remplacer la culture de l’Etat par l’obsession du chiffre revient à fouler aux pieds l’essence même du travail, pourtant source de toute valeur économique.

*Michel Santi est un économiste franco-suisse qui conseille des banques centrales de pays émergents. Il est membre du World Economic Forum, de l’IFRI et est membre fondateur de l’O.N.G. « Finance Watch ». Il est aussi l’auteur de l’ouvrage « Splendeurs et misères du libéralisme » ■

par Michel Santi, économiste*

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