CARTON ROUGE À CHAPELLE-D’ARBLAY
Posté par cgtchapelledarblayupm le 26 août 2013
CARTON ROUGE À CHAPELLE-DARBLAY
En pleine période de congés, le groupe UPM a annoncé un plan social avec l’objectif « d’abaisser les coûts fixes » de 5 millions d’euros. Outre les menaces sur l’emploi, la direction veut balayer de nombreux acquis sociaux au nom de la compétitivité. À Grand-Couronne les salariés ne veulent en aucun cas s’engager sur cette voie.
PAR RÉGIS FRUTIER
Ils profitent de la loi de sécurisation de l’emploi pour remettre en cause tous nos acquis », s’insurge Gérard Sénécal, secrétaire du syndicat CGT-Filpac de la papeterie Chapelle-Darblay, qui n’a toujours pas digéré l’annonce faite lors du comité central d’entreprise le 18 juillet dernier. Le groupe finlandais UPM (22 000 salariés dans 16 pays) a donc attendu d’être au cœur de l’été pour dévoiler son plan. Le 17 janvier 2013, la multinationale avait annoncé l’arrêt de machines sur des sites en Finlande et en Allemagne, mais aussi la vente de deux établissements en France, à Aigrefeuille (38 salariés) en Charente-Maritime et à Docelles (180 salariés) dans les Vosges. Le comité central d’entreprise de juillet précise qu’aucun repreneur ne s’étant fait connaître pour le site vosgien, celui-ci devrait fermer. Quant au site d’Aigrefeuille, un repreneur ne conserverait que vingt salariés. En termes d’emplois, les mauvaises nouvelles concernent aussi le site de Nancy (moins vingt postes) et Forexplo (douze suppressions d’emplois) en Alsace. Vingt suppressions de postes au siège de Levallois (92) sont également annoncées.
La papeterie Chapelle- Darblay de Grand-Couronne (76) n’est pas épargnée. Dans cette usine qui produit l’équivalent du tiers de la consommation nationale de papier journal, il y aurait trente suppressions d’emplois (dont 24 licenciements) sur les 420 salariés qui travaillent. Chapelle-Darblay est voisine de Petroplus et le puissant syndicat CGT de la papeterie, qui apporte son soutien depuis de long mois au combat pour l’emploi mené à la raffinerie, est sous le choc. Pas question cependant d’encaisser ce coup supplémentaire pour l’industrie régionale sans réagir. Dès le 19 juillet, la centaine de salariés présents à la papeterie débrayaient deux heures.
Au nom de la compétitivité
Il faut encore préciser que la direction ne se contente pas de supprimer des postes, mais profite de la stupeur pour introduire également d’importantes modifications dans l’organisation du travail. Elle propose ainsi 112 modifications de postes de travail et la remise en cause de l’accord de réduction du temps de travail. « La direction veut remettre en cause les 23 jours de RTT qui étaient au choix du salarié. De plus, ils entendent mettre en place des équipes dites polyvalentes. Leur objectif est que tout le monde devienne interchangeable, ce qui au passage va supprimer des possibilités de promotion », explique Gérard Sénécal, secrétaire du syndicat CGT. Pour Jean-François Gabala, élu CGT au CE, la manœuvre a été préparée de longue date : « C’est le quatrième plan social depuis 2007. La direction entend baisser ses coûts fixes en économisant sur la maintenance. C’est ainsi qu’il y a quelques années, ils l’avaient externalisée à des sous-traitants, lesquels avaient une base logistique sur le site. Tous ces sous-traitants ont en mars dernier reçu une lettre pour leur signifier un renvoi. Avec la polyvalence, ils veulent réinternaliser ces tâches tout en s’exonérant d’embaucher. » La direction vise une économie de 5 millions d’euros. Au regard des 520 millions d’euros de dividendes encaissés en 2012 par les actionnaires d’ UPM, le syndicat n’hésite pas à parler de licenciements boursiers.
des gâchis économiques et écologiques par obsession de la rentabilité financière.
« Il y a quelques années, le papier recyclé nous était livré à très bas prix grâce à la collecte des collectivités territoriales. Aujourd’hui, la spéculation sur le prix du papier fait que celui-ci part à l’export (1) », poursuit Jean-François Gabala. Et de fait le paradoxe de la papeterie française fait qu’elle exporte 50 % de sa production, tandis qu’elle importe autant. Une belle illustration des gâchis économiques et écologiques engendrés par l’obsession de la rentabilité financière. Tandis qu’au niveau national la Filpac-CGT plaide pour un retour aux circuits courts de distribution et à une utilisation rationnelle de la collecte du papier, les salariés de Chapelle-Darblay réaffirment leur intention de ne pas s’en laisser conter par les comparaisons tronquées que met en avant leur direction sur le « coût du travail » en Allemagne. Le 26 septembre, Chapelle Darblay fêtera les trente ans de sa victoire historique où, après 100 jours de grève, les salariés ont mis en échec la fermeture de leur usine. UPM n’a qu’à bien se tenir. nx
(1) Lire à ce propos l’enquête de la NVO « Scandales en forêt » parue en août 2012 qui révèle le scandale du papier recyclé : www.nvo.fr, aller sur Archives, puis sur Économie.
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