Crise ouverte dans le recyclage du papier carton
Posté par cgtchapelledarblayupm le 30 octobre 2019
*
Crise ouverte dans le recyclage du papier carton
La France collecte bien ses déchets de papier carton mais n’a pas de solution de recyclage faute d’industrie papetière suffisante. La Chine ne voulant plus des déchets de carton, comme ailleurs en Europe, les stocks débordent et aucune solution n’est en vue.
C’est la crise ouverte dans le recyclage des déchets de papier et de carton. Ce type de déchets se recycle si bien que, très tôt, la France a mis en place un système de collecte performant. Il en récupère 79 %, quand la moyenne européenne est de 72 %. Mais les déchets collectés et triés, encore faut-il qu’ils trouvent preneur pour être recyclés. Or la France, qui a collecté l’an dernier 7 millions de tonnes, manque d’usines papetières et se retrouve avec un excédent annuel de 1,7 million de tonnes. « Dans quasiment tous les centres de tris, les stocks débordent, ils ont dépassé le niveau autorisé », alerte Jean-Philippe Carpentier, le président de Federec, la fédération des recycleurs.
Selon ses estimations, le chiffre d’affaires réalisé par les recycleurs revendant les déchets de papier carton triés a chuté de 26 % sur la seule année 2018, passant de 918 à 729 millions d’euros. Et la crise s’est amplifiée cette année, les prix s’effondrant avec l’absence de débouchés. « Ils ont été divisés par 3 en deux ans et ont chuté de 50 % en moyenne en 2019 comparé au prix moyen de 2018 », estime Jean-Philippe Carpentier.
Fermeture chinoise
En cause, la fermeture progressive des frontières de la Chine aux importations de déchets. Elle n’a jamais beaucoup importé de papier ; mais 80 % de ses produits manufacturés étant destinés à l’exportation elle était le premier consommateur mondial de déchets de carton, qu’elle recyclait en nouveaux emballages. C’est terminé. La Chine n’a accepté cette année que les déchets de carton américains (plus épais que les Européens) et se fermera totalement en 2020.
Pourquoi, alors qu’elle ne peut pas être autosuffisante en carton ? « Il y a une volonté politique de fermer les petites unités de recyclages polluantes, dans le cadre de sa lutte contre les émissions de CO2 », explique le président de Federec. La Chine n’acceptera donc plus en 2020 que de la matière vierge, à charge pour l’Asie du Sud-Est de recycler les déchets en bobines de « vierge ». Résultat : les 8 millions de tonnes d’excédent annuel de déchets de papier carton européens se sont réorientées ailleurs, notamment en Asie du Sud-Est, justement. Mais cette dernière se trouve à son tour engorgée et se ferme.
Aux affres du carton s’ajoute le problème structurel du papier, dont la consommation baisse avec Internet. La collecte de déchets de papier recule, mais reste encore supérieure aux besoins de l’industrie papetière française, qui fond encore plus vite. Le papetier finlandais UPM a ainsi annoncé en septembre la mise en vente de sa papeterie de la Chapelle Darblay en Seine-Maritime, d’une capacité annuelle de 240.000 tonnes de production de papier. Il la fermera si aucune offre acceptable n’est reçue pour janvier 2020.
L’enjeu de la Chapelle Darblay
Afin de débloquer la situation, l’Asie du Sud-Est va devoir s’organiser face à l’afflux de déchets. En France, « notre espoir est qu’un repreneur de la Chapelle Darblay réorientera la production vers le carton, ce qui offrirait un débouché français », commente le responsable de la branche papier carton de Federec, Pascal Genneviève. Plus largement, « il faut que la France investisse dans son industrie, pour vendre en Chine et ailleurs des bobines de matière neuve faite à partir de déchets de papier carton recyclés, souligne Jean-Philippe Carpentier. Mais cela demande des capitaux et un changement de mentalité ». Cette dernière pourrait évoluer rapidement, la fermeture des frontières chinoises ayant servi de révélateur aux insuffisances du recyclage européen en général et français en particulier.
Publié dans CGT UPM Chapelle Darblay | Pas de Commentaire »