Posté par cgtchapelledarblayupm le 3 juin 2020
A Grand-Couronne, la papeterie Chapelle-Darblay menacée de fermeture
Dans l’agglomération de Rouen (Seine-Maritime), la papeterie Chapelle-Darblay
pourrait fermer ses portes durant l’été. Un coup dur pour l’emploi
mais aussi pour la filière du tri sélectif.
Les jours de la papeterie Chapelle-Darblay à Grand-Couronne (Seine-Maritime) sont-ils comptés? Seule certitude : depuis septembre 2019 et l’annonce par UPM, son propriétaire finlandais, de sa volonté de vendre le site, rien n’a bougé. Malgré des contacts bien avancés avec le groupe belge VPK, aucun accord de rachat n’a été trouvé. Mais UPM entend toujours se séparer de son usine française avec la mise en place d’un plan de licenciement dès le 15 juin pour une fermeture durant l’été.
« Malgré la crise sociale avec près de 230 suppressions de postes, sans compter les centaines d’emplois qui dépendent du site, nous n’avons jamais pu nous faire entendre, regrette Cyril Briffault, le secrétaire général CGT. Juste après l’annonce de la vente, il y a eu Lubrizol, puis la réforme des retraites et enfin l’épidémie de Coronavirus … Et pourtant, s’il fallait un exemple d’une industrie d’avenir, de ce qu’est l’économie circulaire, c’est sur Chapelle-Darblay que les regards devraient se tourner ».
Un outil de recyclage performant
Car la papeterie ne produit que du papier journal 100 % recyclé. En 2019, 350 000 tonnes étaient fabriquées à Grand-Couronne, soit l’équivalent de la collecte de papiers usagés de 24 millions d’habitants répartis sur l’Île-de-France et un grand quart nord-ouest du pays.
Le site, où en 1985 a été inventé le procédé de désencrage et de recyclage du papier journal, reste donc un outil performant, malgré la fermeture d’une de ses lignes en 2015. Il exporte d’ailleurs une partie de sa production. S’il fermait, cela obligerait d’ailleurs ses clients de la presse française à importer une partie de leurs besoins. En outre, il possède une chaudière biomasse capable de chauffer l’équivalent d’une ville de 20 000 habitants et une station d’épuration pouvant subvenir aux besoins de 400 000 personnes. Et surtout, c’est l’un des deux seuls débouchés de la filière du recyclage pour les vieux papiers en France, avec la papeterie battant pavillon norvégien de Golbey dans les Vosges.
Comme le souligne l’ancien président de région, l’élu socialiste Nicolas Mayer-Rossignol, à l’origine d’un courrier adressé au Premier ministre, Édouard Philippe : « Où va être recyclé ce papier collecté par des dizaines d’agglomérations? Toutes ne vont pas pouvoir trouver des accords avec le dernier site restant. Au final, il sera moins valorisé ou tout simplement incinéré ou enterré. Est-ce cela le nouveau monde de l’après confinement? » En bout de chaîne, c’est bien la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TOEM) des particuliers qui pourrait augmenter.
«Le chef de l’Etat doit montrer une volonté politique»
Pour Arnaud Dauxerre, représentant syndical non encarté des cadres de l’usine, rien n’est encore perdu : « Il y a eu un premier courrier des élus communistes pour alerter le gouvernement. D’autres ont suivi notamment celui des députés de la majorité. Il y a eu en coulisses du travail fait pour trouver une solution de rachat. Sans succès. Mais aujourd’hui, il faut que le chef de l’Etat montre une volonté politique de sauver le site. » Avec, pourquoi pas, une solution collective pour gagner du temps et trouver un repreneur. « Car si on ferme l’usine avec un simple gardien devant la grille, l’outil de production va se détériorer et ce sera un énorme gâchis », assure Cyril Briffault.
Tous aimeraient qu’une tête d’affiche de l’exécutif fasse le déplacement et prenne officiellement position. Pourquoi pas le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire ? Lui connaît bien le dossier. En 2014, alors élu au conseil régional de Haute-Normandie, il vantait même les mérites de l’usine dans un courrier adressé à Manuel Valls : « Cette entreprise, fleuron de notre industrie, est un acteur majeur dans le recyclage du papier en France », écrivait-il, précisant qu’elle participait « aux enjeux du développement durable » et qu’elle était dotée « d’un outil de production performant et de compétences considérables ». Pour les défenseurs de Chapelle-Darblay, c’est toujours vrai en 2020.Par Laurent Derouet Le 2 juin 2020 à 11h31
Cet article a été publié le Mercredi 3 juin 2020 à 7 h 56 min et est catégorisé sous CGT UPM Chapelle Darblay.
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