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Compte rendu de la multilatérale sur le « Plan de Relance »
du mercredi 22 juillet 2020
Présentation des Ministres .
Le Ministre de l’Economie et des Finances, la Ministre de la Transition Ecologique et la Ministre déléguée à l’Industrie présentaient le « Plan de Relance » de 100 milliards d’euros prévu par le gouvernement. Il est à noter que l’enveloppe de 100 milliards intègre la partie « européenne » des négociations à Bruxelles sur le plan de relance européen.
Bruno Le Maire a présenté les grands axes du plan et de ce qui a déjà été fait ; soutiens à divers secteurs, soutien à l’emploi des jeunes. Il insiste sur la nécessité de diminuer le « coût du travail » des jeunes via des primes pour les apprentis et via bien sûr des exonérations de cotisations (mais plutôt une subvention, le patronat ne payant rien jusqu’à 1.6 SMIC) pour les CDD d’au moins trois mois. BLM propose de monter jusqu’à deux SMIC. Il a insisté sur les qualifications des salariés et la gestion des compétences.
L’industrie est particulièrement visée par la relance. La stratégie du gouvernement : restaurer la « compétitivité » (pour changer) via une baisse d’impôts sur la production pour 10 milliards par an. La réflexion porte aussi sur les filières (comme la rénovation thermique). Les différent-es ministres ont bien précisé que rien n’était arrêté pour le moment en termes d’axes prioritaires.
Le gouvernement prévoit aussi un comité de suivi du plan de relance, associant les OS, avec un suivi hebdomadaire.
Barbara Pompilli a rappelé l’objectif de 30% (donc 30 milliards) de dépenses en faveur de l’environnement.
Réaction de la délégation CGT.
La délégation CGT a rappelé que le patronat recevait énormément d’aides sans aucune obligation de résultat. Elle a rappelé que ce qui se dessinait c’était un énorme problème de précarité (renforcé par les aides qui n’imposent aucune pérennité de l’emploi). Il est clair aussi que l’insistance sur les « métiers en tension » nous enferme dans des discussions infinies sur les listes de métiers.
De manière fondamentale, la délégation souligne un grave manque à l’agenda : la question du partage des richesses, jamais évoquée, et surtout le paiement de la qualification, c’est-à-dire la revalorisation des salaires. L’attractivité des métiers, c’est d’abord le salaire.
Elle a demandé des éclaircissements sur le chiffres de 30 milliards pour l’environnement, rappelant que pour nous, les questions environnementales et industrielles vont ensemble ; séparer les deux n’a pas grand sens (ce avec quoi les autres OS étaient d’accord). De la même manière, opposer « vieille » et « nouvelle » industrie est un problème ; la question est bien de savoir comment faire évoluer les anciennes industries et non pas de cliver les choses. De manière très concrète, on donne plusieurs milliards à Renault qui produit des voitures qui ne respectent pas les normes européennes ; le manque de conditionnalité et de contrôle est affligeant.
Plusieurs exemples ont été évoqués pour les filières sur lesquelles la CGT a déjà fait plusieurs propositions. Là encore, il est impossible de raisonner en silo et en séparant les choses.
Sur l’automobile, le développement des batteries et des moteurs propres
Sur la rénovation thermique, il faut rappeler que derrière la rénovation il y a des industries qui fournissent et travaillent les matériaux, c’est donc du développement industriel et des emplois
Sur le fret, il est bon de rappeler que cela nécessite des wagons, alors que le gouvernement a failli détruire tous les wagons du perpignan-rungis.
Bref, la délégation a rappelé qu’elle portait nombre de projets de nouvelles filières, utiles socialement et du point de vue de l’environnement, notre boussole, qui indique un autre Nord que celle du patronat, cantonnée au seul profit.
La délégation a rappelé l’importance d’une cohérence des échelons territoriaux avec l’échelon national ; le risque est qu’on se dirige vers la concurrence entre régions. C’est l’inverse qu’il faut faire.
Sur le suivi, la délégation a exprimé y être favorable, notamment en territoire, pour veiller à cette cohérence.
Enfin, la question a été posée au ministre de l’économie de l’articulation entre le « Commissariat Général au Plan » et le Conseil National de l’Industrie. Le gouvernement a répondu que la logique du plan était de « plus long terme ».
Réactions des autres OS.
La CFDT a insisté sur les compétences. La délégation CFDT a rappelé (comme la CFTC et la CFE CGC) l’importance de la « compétitivité hors-coût », et pas seulement coût, sans s’opposer fortement aux baisses de cotisations annoncées. La CFDT propose de créer des « plateformes de relocalisations », ce qui ressemble fort aux « pôles de compétitivité » qui existent déjà.
FO a insisté sur les emplois de « deuxième ligne » et sur la question de leur revalorisation.
La CFE CGC a souligné que l’effort sur les exonérations patronales avait été beaucoup trop loin. Elle pense (comme la CGT) qu’il s’agit essentiellement d’effets d’aubaines. La CFE-CGC estime que c’est l’investissement qui lui seul permet de stabiliser durablement l’emploi.
La CFTC n’est pas opposée aux baisses de cotisations si ça sert l’emploi, mais cela doit être conditionné. Elle considère qu’il manque une réflexion globale sur la fiscalité.
Réactions du patronat.
Le MEDEF se réjouit sans surprise de la baisse des impôts de production. Sa délégation estime également que les propositions de la convention citoyenne pour le climat sont irréalistes pour au moins la moitié d’entre elles, et qu’il ne faudrait pas brusquer les entreprises.
La CPME était très heureuse de venir au ministère, estimant : « on venait à reculons avant, mais maintenant on vient avec le sourire aux lèvres puisqu’on sait qu’on va récupérer quelque chose ». Cela a au moins le mérite de la clarté. Elle a souligné aussi la pressurisation croissante des sous-traitants par les donneurs d’ordre.
L’U2P a salué le soutien aux TPE pendant le confinement. Elle salue également le dispositif jeune, estimant qu’un CDD de trois mois est mieux que rien et permet en outre de tester le salarié (fonction remplie pourtant par la période d’essai en CDI).
Bruno le Maire a conclu en notant 3 éléments généraux :
Nécessité d’agir rapidement que le plan de relance ait des effets concrets sur l’emploi et la croissance
Eviter de raisonner en silo
Syndicat et patronat sont d’accord pour participer au suivi Les propositions définitives seront transmises au Président Macron le 24 août.
Une réunion avec la ministre Pompilli et la convention citoyenne pour le climat se tiendra le 29 juillet.