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Ouvriers et écolos unis dans le papier

Posté par cgtchapelledarblayupm le 21 mai 2021

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Ouvriers et écolos unis dans le papier

Fermée depuis un an, la seule papeterie française à produire du papier 100% recyclé se bat pour sa survie. Avec les soutiens conjugués des syndicats et de mouvements écologistes de France et d’Uruguay.
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Julien Sénécal, Cyril Briffault et Arnaud Dauxerre (de gauche à droite) se battent pour sauver
l’usine la plus verte de la filière papier en France. EHD
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Un silence de cathédrale règne dans la papeterie de Chapelle Darblay, magistrale usine ouverte il y a près d’un siècle à Grand-Couronne, en périphérie de Rouen, sur la rive de la Seine. «Avant, il fallait crier pour s’entendre, le bruit était à 90 décibels au minimum, la chaleur à au moins 30 degrés», rappelle Cyril Briffault. L’opérateur finition et délégué syndical CGT, âgé de 44 ans, se trouve devant la machine 6, un mastodonte industriel à l’intérieur duquel le papier était égoutté, essoré et séché à une vitesse de 90 km/h quand l’usine tournait aux trois-huit. «C’était un métier passionnant, toujours différent, il fallait s’y connaître en dynamique des fluides, en hydraulique, en condensation», raconte avec des étoiles dans les yeux ce père de trois enfants, entré à l’usine en 1998.

Passionnant, et surtout vertueux. Chapelle Darblay, c’était 350 000 tonnes de papier recyclé chaque année, soit l’équivalent du geste de tri de 24 millions de Français·es. C’était aussi une chaudière biomasse qui permettait à l’usine d’avoir un bilan carbone positif et une station d’épuration capable de déminer l’eau et de la réutiliser au lieu de la rejeter dans la Seine. Bref, selon les mots de la députée En Marche Camille Galliard-­Minier, rapporteure d’une note d’information sur la filière recyclage du papier, c’était une «industrie du futur» que le groupe finlandais UPM a fermée l’an dernier.

Le bon, la brute et le truand

Seule papeterie de l’Hexagone à produire du papier entièrement recyclé, l’usine était «100% circulaire et écolo, ce que vise la politique de l’Etat, alors on se demande pourquoi on est resté invisibles si longtemps», interroge Julien Sénécal, 38 ans, opérateur production et bobineur élu CGT. «A Bercy, on nous a dit que le ‘seuil de douleur’ n’était pas assez élevé», déplore Arnaud Dauxerre, 51 ans, en charge des achats de matière à recycler et représentant des cadres.

Depuis un an, ce trio de représentants syndicaux déambule dans la papeterie à l’arrêt, le vague à l’âme et le verbe haut. Seuls rescapés du plan social qui a mis à la porte 228 salariés en juin 2020, ils se battent pour trouver un repreneur et sauver la papeterie. Et ils sont sur le point de gagner. Le 28 avril, bardés de pancartes «pour qu’industrie rime avec écologie», le trio a mené une action coup de poing au Ministère de l’économie avec les huit organisations écologistes et syndicales du collectif «Plus jamais ça». Au bout de huit heures de manifestation, ils ont arraché l’engagement de la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, de maintenir l’activité de la papeterie ­Chapelle Darblay.

Ce soutien de l’Etat, «on a été le chercher», résume sobrement Cyril. «Tout ce qui s’est animé autour de Chapelle Darblay, c’est forcément parti d’ici, de notre trio, le bon, la brute et le truand. Julien, le bon, représente le côté social du personnel, moi, je suis la brute, celui qui tape le poing sur la tape et pousse les coups de gueule. Arnaud, le truand, nous a permis de toucher tout le monde avec ses contacts chez les cadres qui pourraient avoir peur de la CGT», s’amuse le ­syndicaliste.

Convergence organisée

Avec leur slogan «Sauver la Chapelle Darblay, un geste simple pour l’environnement», le trio est ainsi parvenu à rallier les organisations écolos réunies au sein de «Plus jamais ça». Ce collectif s’est créé en janvier 2020 après qu’ONG et syndicats eurent fait le constat, selon François Chartier de Greenpeace, «qu’il fallait cesser d’opposer enjeux sociaux et environnementaux, que les causes de la destruction environnementale et de la casse sociale étaient les mêmes, soit la dérégulation et le modèle ultralibéral. L’idée était de se mobiliser concrètement, en pesant sur le débat d’idées et en se mobilisant, comme devant Bercy pour Chapelle Darblay».

«Les causes de la destruction environnementale et de la casse sociale sont les mêmes: le modèle ultralibéral» François Chartier

Car si le «seuil de douleur» humain ne suffit pas à émouvoir le Ministère de l’économie, le manque à gagner alarme les élu·es des municipalités. En mars 2021, septante d’entre eux·elles, dont la maire de Paris Anne Hidalgo, ont envoyé un courrier au président de la République pour l’enjoindre à sauver la papeterie. Car Chapelle Darblay, précise Arnaud Dauxerre, «finance à hauteur de 40 millions d’euros par an le coût de la gestion des déchets, en rachetant et en recyclant le papier des collectivités locales.» La papeterie a littéralement introduit le recyclage du papier auprès des collectivités il y a trente-cinq ans, sa fermeture les conduit désormais dans une impasse. «Les camions s’alimentaient à 350 km de l’usine, dont 100 000 tonnes de papier à Paris, mais aussi le grand Ouest, le Nord, la Bourgogne et l’Est. Avec la fermeture, rien que pour la Normandie, c’est 2,5 millions de km de plus par an pour les camions qui vont désormais vers un site d’UPM en Allemagne. A l’heure où l’on parle de transition écologique et de décarbonisation, c’est un non-sens total», s’insurge ­Arnaud Dauxerre.

Projets novateurs

Le marché du papier est en berne? Pendant un an, le trio s’est attelé à proposer des alternatives. «On a bossé avec le centre technique du papier et des économistes qui travaillent avec l’agence de la transition écologique, donc pas des tocards», précise-t-il. En sortent des projets de recyclage d’emballage, à l’heure où l’e-commerce l’emporte sur la lecture de journaux, de pâte marchande recyclée, ainsi que d’ouate de cellulose pour les panneaux d’isolation utilisés dans le bâtiment.

La balle est désormais dans les mains du propriétaire de l’usine, UPM. Le groupe, qui n’a pas donné suite à nos questions, a reçu six offres de reprise non engageantes. Les candidats avaient jusqu’au lundi 17 mai, pour déposer leurs offres fermes, et UPM doit en choisir une d’ici fin juin. Parmi les six repreneurs, quatre ont un projet de papeterie, un d’hydrogène et un de logistique. «Pour nous, l’important c’est que l’offre papetière soit prioritaire», insiste Cyril. Et Arnaud d’abonder: «On n’est pas des doux rêveurs, il y a un marché, on propose de créer des matières premières dont ils ont besoin.»

DIRECTION LA «RÉPUBLIQUE BANANIÈRE» D’URUGUAY

Alors qu’UPM quitte la France, la multinationale vante ses nouveaux projets en Uruguay. La députée Camille Galliard-Minier précise ainsi dans sa note d’information que «le groupe met en avant un investissement dans une nouvelle usine de pâte à papier en Uruguay à base de fibres d’eucalyptus, type de production régulièrement présenté lors des auditions comme insuffisamment vertueux du point de vue environnemental». Ce qui, pour l’élue de la majorité, «rend la décision de fermeture de Chapelle Darblay d’autant plus insatisfaisante».

«Insuffisamment vertueux», l’euphémisme peine à saisir l’impact des activités d’UPM en Uruguay depuis deux décennies. Au début des années 2000, la construction d’une usine de pâte à papier par Botnia (depuis renommé UPM) sur les rives du fleuve Uruguay avait poussé l’Argentine voisine à poursuivre l’Uruguay devant la Cour internationale de justice, accusant le groupe finlandais de rejeter des polluants et des pesticides dans le fleuve frontalier.

Désormais, UPM construit une deuxième usine de pâte à papier à partir de la monoculture d’eucalyptus en plein cœur du pays ainsi qu’une ligne ferroviaire et un terminal portuaire pour transporter la cellulose obtenue vers le marché asiatique. Militante pour l’ONG Les Amis de la Terre Uruguay, Maria Selva énumère les raisons pour lesquelles la société civile s’y oppose: «UPM bénéficie de subventions publiques et d’exonération d’impôts, en s’installant dans des zones franches. Ce qu’on dénonce, c’est un système digne d’une république bananière.» Elle poursuit: «Des études démontrent que l’installation de monoculture d’eucalyptus dans des prairies aptes à l’agriculture ou à l’élevage provoque un stress écologique équivalent à celui de la déforestation. L’impact de cette usine est aussi très important sur les ressources hydrauliques du pays», l’eucalyptus étant particulièrement vorace en eau et peu favorable à la biodiversité.

UPM dit avoir créé 7000 postes de travail en Uruguay et contribuer à 1,4% du PIB du pays. «L’industrie extractive fournit moins de travail que l’agriculture familiale, voire que l’élevage extensif», nuance Maria Selva. Reste que la nouvelle usine de cellulose d’UPM doit ouvrir ses portes dans deux ans, et les plaintes de la société civile, réunie au sein d’une «Coordination nationale contre UPM», ne semblent rien pouvoir y faire. «UPM a tout fait pour éteindre les conflits au niveau local en faisant pression sur le gouvernement», dénonce Maria Selva.

A Chapelle Darblay, Arnaud Dauxerre feint de s’interroger: «Quelle est la logique de faire de la pâte marchande de papier en Uruguay à destination de l’Asie? C’est sûr, ils vont produire deux millions de tonnes contre 250 000 tonnes ici. Mais il faut revenir sur ces inepties mondialisées si on veut faire une vraie transition écologique.» EHD

JEUDI 20 MAI 2021 .
EMMANUEL HADDAD GRAND-COURONNE
 CET ARTICLE VOUS EST OFFERT PAR LE COURRIER

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