Chapelle Darblay : ce n’est pas la fin du film !
Posté par cgtchapelledarblayupm le 25 novembre 2023
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Chapelle Darblay. Veolia se retire : l’avenir de la papeterie encore incertain
L’Omnia de Rouen accueillait, jeudi 23 novembre 2023, l’avant-première d’un documentaire sur le sauvetage de Chapelle Darblay.
Mais l’avenir de la papeterie est encore incertain.

Un film plein de rebondissements. C’est ce que promettait à 76actu la réalisatrice Marianne Lère-Laffitte, en octobre 2022, au moment de la finalisation de son documentaire sur le sauvetage de la papeterie Chapelle Darblay à Grand-Couronne (Seine-Maritime), près de Rouen.
Chapelle Darblay : ce n’est pas la fin du film !
Signe de la fébrilité ambiante, le titre initial du documentaire, Chapelle Darblay, ils l’ont fait !, à la tonalité victorieuse, a été modifié. Il s’intitule finalement L’usine, le bon, la brute et le truand.
Clin d’œil évident au western de Sergio Leone, avec dans les rôles principaux un trio de salariés déterminés à préserver leur outil de travail et relancer l’emploi : Cyril Briffault (« la brute »), 46 ans, et Julien Sénécal (« le bon »), 39 ans, de la CGT, alliés à Arnaud Dauxerre (« le truand »), 52 ans, cadre sans étiquette.
Veolia se désengage (en partie)
Après des échanges d’amabilités et de félicitations entre les différents acteurs de cette aventure industrielle, la syndicaliste a dressé un état des lieux précis et complet de la situation de Chapelle Darblay.
« Le combat est loin d’être fini », souligne-t-elle alors qu’un revirement rebat les cartes : « Veolia a décidé de ne plus investir les 27 millions d’euros initialement promis et de vendre le terrain. »
Certes, le géant français de la gestion des déchets devrait s’engager à approvisionner pendant sept ans en papiers usagés son ancien partenaire Fibre excellence. Le papetier canadien devrait aussi récupérer la propriété de l’usine « à des conditions financières satisfaisantes ». Tout cela reste à confirmer par la signature d’un accord entre les deux entreprises, attendue le 15 décembre prochain.
« Messieurs, il faut conclure ! »
Toutefois, il restera encore des obstacles à surmonter. Car si Fibre excellence « a confirmé son investissement de 30 millions d’euros, le projet nécessite en tout 270 millions dont 70 millions minimum pour être enclenché », rappelle Sophie Binet. « Nous avons besoin de travailler avec Fibre excellence pour augmenter la mise de départ, sécuriser financièrement le projet. »
À cette fin, la secrétaire générale de la CGT « souhaite que l’État rentre au capital et garantisse les prêts souscrits par Fibre excellence ». Elle exhorte également les pouvoirs publics à « travailler dès maintenant sur la formation des salariés. Ce seront des boulots très qualifiés donc il faut mobiliser l’ensemble des opérateurs pour mettre à disposition des formations qualifiantes, s’assurer qu’il y aura la main d’œuvre disponible au redémarrage du site »
« Je salue l’engagement des trois camarades [Cyril Briffault, Julien Sénécal et Arnaud Dauxerre, « adoubé » au passage, NDLR] qui continuent le combat alors qu’ils sont au chômage », lance Philippe Martinez avant d’interpeller les représentants de Veolia et Fibre excellence : « Maintenant messieurs, il faut conclure ! »
« Veolia est derrière vous »
Directeur général de Veolia France, Jean-François Nogrette tient à rassurer les salariés : « Veolia est derrière vous. On a déjà investi 14 millions d’euros dans ce projet, on a racheté le terrain, financé sa maintenance, des expertises… On a accepté de vendre les installations plus tard à Fibre excellence, le temps qu’il mette en place son montage financier et obtienne les autorisations administratives.
D’ailleurs, Jean-François Nogrette justifie la revente de Chapelle Darblay par des raisons administratives : « Nous ne sommes pas papetiers et donc nous ne pouvons pas être titulaires du permis d’exploitation de la papeterie, c’est ce que nous a dit la préfecture. Mais nous allons livrer le site en papier, cela demandera des embauches et de nouveaux camions. »
« On aurait pu espérer que ce moment soit un aboutissement, c’est une étape », commente sobrement Arnaud Dauxerre.
« Il y a une vigilance et même une exigence »
Ayant joué de son droit de préemption – une première en France – pour éviter le démantèlement de la papeterie, le président de la Métropole et maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, estime que les collectivités locales (Métropole et Région) ont « tenu leurs engagements ». Comme Sophie Binet, il en appelle à l’État pour sécuriser le financement du projet. « Ce sera le cœur du sujet pour le début de l’année 2024. »
On n’est pas à la fin de l’histoire. Il y a une vigilance et même une exigence sur la suite.
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